Non, il ne l’est pas. Nous croyons qu’aucun outil n’est neutre: la manière dont un outil est conçu (son design), ainsi que l’empreinte de cet outil dans notre culture commune, tout cela influence nos comportements. C’est pour ces raisons que, par exemple, nous avons le réflexe d’attraper un tournevis par la poignée. Mobilizon est développé par Framasoft, une association française d’éducation populaire aux enjeux du numérique. Mobilizon fait partie d’un nombre d’actions que l’association Framasoft a rassemblées dans sa campagne [Contributopia](@:link.cuo). Ces actions visent à proposer des outils numériques alternatifs à ceux issus du capitalisme de surveillance, pour que les personnes qui ne se reconnaissent pas dans un tel système puissent se créer des espaces de liberté. De ce fait, le développement de Mobilizon et/ou la gestion des sites associés au projet Mobilizon (joinmobilizon.org, mobilizon.org, instances.mobilizon.org, etc.) peuvent ne pas plaire à tout le monde (notamment à cause d’idées, d’idéologies ou de cultures différentes). Nous respectons cela, et rappelons que l’ensemble des logiciels du projet Mobilizon sont libres et peuvent être dupliqués et développés avec d’autres influences culturelles.
Avant de nous engager dans deux ans de travail pour développer Mobilizon, nous avons pris le soin de regarder ce qui se faisait ailleurs, et de nous demander s’il ne serait pas mieux de contribuer à un projet existant. Il existe plusieurs autres outils de gestion d’événements et groupes assez intéressants, mais nous n’en avons trouvé aucun qui remplisse tous nos critères. Nous voulions un logiciel libre, fédéré selon le protocole ActivityPub, fonctionnel à grande échelle, conçu hors de l’économie de l’attention, et pouvant répondre aux usages d’un public militant. Un tel logiciel n’existait pas, donc nous l’avons fait. Nous ne prétendons pas par ailleurs que Mobilizon est mieux que l’un ou l’autre de ces outils. Il correspond à un public, à un besoin. Nous croyons aussi fermement que la diversité des projets est une bonne chose. Le capitalisme nous a appris à penser: «un désir, un besoin, une marque», qu’il s’agisse d’un soda ou dune petite feuille jaune amovible auto-adhésive. Nous pensons que chaque outil a sa place, et nous ne cherchons pas à faire de Mobilizon un outil dominant. Enfin, nous considérons que la [coopétition](https://fr.wikipedia.org/wiki/Coop%C3%A9tition) entre outils libres et fédérés sera à terme bénéfique pour établir des normes, des protocoles et des usages plus robustes et résilients.
Lorsqu’une personne installe Mobilizon sur son serveur, elle crée une _instance_ de Mobilizon. Concrètement, il s’agit d’un _site web_ généré et géré par le logiciel Mobilizon. Ce site web Mobilizon permet à des personnes de créer des comptes, des groupes, des événements, etc.: les données ainsi créées se nichent alors sur le disque dur du serveur de l’instance Mobilizon. C’est pour cela qu’on dit aussi qu’il s’agit d’un _hébergement_. On peut comparer ces hébergements à des locaux, comme une maison des associations ou un immeuble d’appartements. Chaque personne se créant un compte installe ses affaires (ses données, ses contenus) dans l’appartement. Chaque groupe créé prend possession, en quelque sorte, d’une des salles communes. Les utilisateurs et utilisatrices de ces locaux peuvent avoir l’impression de s’approprier les lieux… mais concrètement, le propriétaires des murs, celui qui est en capacité d’instaurer un règlement intérieur et de le faire respecter, c’est l’hébergeur.